

JARNAC HOTEL DE VILLE (14 juillet 1906) .



Sortie d'un chargement de farine des moulins H. PORTIER.
LES GRANDS MOULINS DE JARNAC.
H. PORTIER ET FILS.

JARNAC. Rue de l'hôtel de ville au marché.

JARNAC - Inondation de février 1904 , on circule en barque à fond plat.

JARNAC. La rue de Condé
Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).
Superficie = 1183 hect. 49; Population = 4619 habitants.
La ville de Jarnac, aujourd'hui la troisième du département par le chiffre de sa population et par son importance commerciale, fut, dès les premiers temps du Moyen-Age, une seigneurie importante.
Dans le principe, elle faisait partie du domaine des comtes d'Angoulême ; mais, à partir du onzième siècle, elle eut ses seigneurs
particuliers. A cette époque, le comte d'Angoulême, Guillaume II Taillefer, donna la terre de Jarnac à l'un de ses guerriers, Wardrade, probablement pour le récompenser des services qu'il en avait reçus
dans les nombreuses guerres qu'il soutint contre ses voisins. Wardrade fut, en effet, pendant toute sa vie, un fidèle allié du comte d'Angoulême : il combattit à ses côtés au siège de Blaye et il accompagna son suzerain dans l'expédition que ce dernier entreprit contre les enfants d'Oldéric, seigneur de Marcillac, qui avaient fait subir à leur frère un traitement des plus cruels.
C'est à Wardrade et à son épouse, Rixendis, qu'est due la fondation de l'abbaye de Bassac.
L'aîné des fils de Wardrade, Lambert, prit part à la première croisade et assista à la prise de Jérusalem. Il succéda ensuite à son père dans la seigneurie de Jarnac et ne laissa qu'une fille, Agnès, qu'il maria à un homme de grand cœur, Pierre Baudrant.(...)
Lorsque Hugues de Lusignan et Isabelle partagèrent leurs biens entre leurs nombreux enfants, ils attribuèrent les terres de Jarnac et de Châteauneuf à leur troisième fils, Geoffroi, qui, de son
mariage avec Jeanne de Châtellerault, eut deux enfants : Geoffroi 11, qui lui succéda, et Eustache de Lusignan, dame de Sainte-Hermine.
Geoffroi II mourut en 1305, sans laisser d'héritiers et eut pour successeur, dans les seigneuries de Jarnac et de Châteauneuf, son neveu, Dreux de Mello IV, fils de sa sœur, Eustache de Lusignan, et de Dreux de Mello III, seigneur de Château-Chinon.
Les seigneuries de Jarnac et de Châteauneuf passèrent ensuite aux mains de Raoul, comte d'Eu, dont le fils et successeur fut ce connétable de France qui, en 1350, ayant conspiré contre l'Etat, eut la tête tranchée et dont les biens furent confisqués : de là vinrent les quints de Jarnac et de Châteauneuf, qui ont longtemps appartenu aux rois de France.
La seigneurie de Jarnac fut ensuite possédée successivement par plusieurs familles, dont la plus remarquable fut celle de Craon ; puis elle passa entre les mains de la famille Chabot par le mariage de Marie de Craon avec Louis Chabot, seigneur de la Grève.
La famille Chabot, qui devait se maintenir à Jarnac jusqu'à la Révolution, était une des plus anciennes et des plus illustres familles de France. On en fait remonter l'origine à Guillaume Chabot,
chevalier, qui, en 1040, aurait été le compagnon d'armes du roi Philippe Ier. Cette famille eut de nombreuses ramifications et forma un grand nombre de branches, parmi lesquelles nous pouvons citer, outre les seigneurs de Jarnac, les barons de Retz, les sires de Saint-Aulaye, les ducs de Rohan, les marquis de Mirebeau, etc.
Louis Chabot mourut jeune, en 1422, laissant quatre enfants, dont le cadet, Renaud, eut en partage la terre de Jarnac.
(...)
Le château primitif de Jarnac, qui avait servi de demeure à Wardrade et à ses successeurs, devait être un sombre manoir féodal, aux épaisses murailles, protégé par de larges fossés. Détruit une première fois par les Anglais, il avait été relevé de ses ruines par Geoffroi de Lusignan, qui y attira une cour nombreuse.
Lorsque la guerre de Cent ans eut amené de nouveau les Anglais dans notre pays, ils s'installèrent au château de Jarnac, qu'ils avaient réussi à prendre et s'y maintinrent longtemps. En 1387, le duc de Berry parvint à les en déloger, et quelques années après, le maréchal de Sancerre, ne voulant pas qu'il retombât aux mains des ennemis, ordonna la destruction du château de Jarnac.
C'est après le départ définitif des Anglais que Renaud Chabot songea à remplacer les ruines inhabitables qu'il avait acquises du duc d'Orléans par une demeure véritablement princière.
Construit sur les bords du fleuve, ce château était précédé, à l'ouest, d'une vieille tour romane, qui protégeait le passage de la Charente.
D'après le plan qui nous a été conservé, il était flanqué, sur chacune de ses faces, de deux tours fort élevées qui encadraient de vastes et somptueux appartements. La cour d'honneur était précédée
d'une porte de grande dimension, qui n'a été détruite qu'en 1851.
Un pont sur la Charente communiquait avec un parc immense merveilleusement dessiné, arrosé d'innombrables canaux, dont la fraîcheur entretenait des bouquets de saules, de peupliers et d'ormeaux, parmi lesquels s'élevaient de gracieuses constructions dont les noms sont demeurés jusqu'à ce jour.(...)
La ville de Jarnac (4262 hab.), à quatorze kilomètres est de Cognac, la troisième du département comme importance et comme population, est également l'une des plus jolies. Construite sur la
pente adoucie du coteau qui domine la rive droite de la Charente, elle présente un aspect des plus riants, lorsque, descendant du train, on l'aperçoit de la superbe avenue, plantée de peupliers, qui l'unit à la gare. La partie la plus centrale et la plus animée est la place du Château, établie sur l'emplacement qu'occupait autrefois le château des comtes de Jarnac.
Jarnac possède un important bureau de poste, une perception et deux études de notaire. Cette ville doit son importance au commerce des eaux-de-vie, qui y est très florissant. La plus ancienne
maison est la maison Th. Hine et C°, qui, ainsi que nous l'avons dit dans la notice sur la ville de Cognac, a été fondée dans le premier quart du dix-huitième siècle. Depuis cette époque, d'autres
maisons se sont installées, parmi lesquelles nous citerons les maisons : Bisquit-Duhouché et C°, Roullet et Delamain, Ranson et C°, Tricoche et C°, Courvoisier, Comandon, Jules Boujut, G. Dupuy
et plusieurs autres.
L'industrie est représentée par la très importante minoterie de MM. Portier.
Les registres de l'état civil remontent à l'année 1623.
Jarnac possède encore des vestiges de son ancienne enceinte murée. Il reste des traces de la porte Saint-Pierre, un peu en avant de l'église. Le système de fortifications comprenait de longues courtines reliées par des demi tours, percées de meurtrières.
C'était un travail de la période ogivale du quatorzième siècle.
Les anciennes halles et quelques bâtiments d'ordre secondaire ont entièrement disparu.(...)
L'église de Jarnac est un vaste monument dont la partie la plus ancienne semble remonter au huitième ou neuvième siècle. Les bases du clocher et de la nef rappellent nettement les caractères du roman primitif.
Il y eut un aménagement complet du vieux monument au onzième siècle. On construisit une porte à trois archivoltes ; on établit des pilastres avec demi-colonnes dans la nef. Le chœur actuel, avec
ses belles arcatures, remonte à cette époque et devait surmonter une crypte; on voit encore nettement la naissance d'une abside semi-circulaire en prolongement du chœur.
Au treizième siècle, il y eut une [deuxième restauration plus complète : on suréleva les murailles; on construisit de hauts contreforts pour soutenir la poussée des voûtes. Un clocher, avec fenêtres
à lancette, fut établi sur une cou pole portée par quatre piles, indépendantes de la vieille cage de l'ancien campanile. Un chevet rectangulaire remplaça l'abside du onzième siècle et une belle
crypte fut construite sous le chevet.
Cette crypte est absolument remarquable. Quatre travées de voûtes viennent reposer sur un pilier central, orné de quatre demi-colonnes. Les retombées diagonales de ces voûtes portent sur des
cariatides, ce qui est absolument particulier à ce monument. Il reste des vestiges de peintures murales. Cette belle crypte mériterait d'être rendue au culte et à l'admiration des archéologues.
Une dernière restauration de l'église eut lieu à la fin du quinzième siècle. On reconstruisit les voûtes du chœur et du sanctuaire et on ouvrit une immense fenêtre modifiée depuis.
Jarnac posséda deux autres églises : Saint-Gilles, qu'un ancien plan du seizième siècle indique dans la direction de l'hôtel de ville actuel, un peu au-dessous vers l'est, et Saint-Cybard,(...)
Jarnac eut aussi un couvent de Récollets, dont la vieille maison servit longtemps de prison et de gendarmerie. La rue des Carmes devrait s'appeler vraisemblablement la rue des Récollets.
La ville de Jarnac est un nœud important de voies de communication. Elle est, en premier lieu, desservie par la ligne de chemin de fer d'Angoulême à Saintes, dont la station se trouve en dehors
de la commune et même du canton de Jarnac, et par la petite ligne d'intérêt local de Saint-Angeau à Segonzac. La route nationale d'Angoulême à Saintes forme, dans la traversée de Jarnac, la plus belle
rue de la ville. Jarnac est également desservi par la route de Jarnac à Sigogne (route départementale N° 4 de Ruffec à Archiac) et par la route de Jarnac à Sainte-Sévère (chemin de grande communication N° 22 de Saint-Séverin à Matha). De cette dernière route se détachent deux chemins d'intérêt commun qui unissent la ville de Jarnac aux communes de Julienne et de Chassors.
A environ un kilomètre de Jarnac, sur la route d'Angoulême, s'élève le hameau de Lartige, autrefois siège d'une importante seigneurie qui s'étendait sur les paroisses de Jarnac et de Triac.
Dès le quatorzième siècle, cette seigneurie appartenait à la famille de Lestang, qui la tenait des comtes de Jarnac, au devoir de dix sols à muance de seigneur et de vassal.
Au seizième siècle, une partie de cette seigneurie passa, par suite d'une alliance, dans la famille Le Musnier. L'autre partie, la plus importante, resta dans la famille de Lestang jusqu'au dix-septième
siècle. En 1607, le mariage de Josias Méhée avec Marie de Lestang porta la seigneurie de Lartige dans la famille Méhée d'Anqueville.
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