DIRAC



Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).

 COMMUNE DE DIRAC

Superficie = 2927 hect. 33; Population = 595 habitants.

La commune de Dirac comprend toute la partie orientale du canton d'Angoulême-sud et occupe un vaste plateau accidenté, limité au nord par la vallée de l'Anguienne, au sud par celle des Eaux-Claires et à l'est par le vallon de l'Echelle. C'est la commune la plus étendue du canton, et cependant, sur ce vaste espace de près de trois mille hectares, on ne rencontre que six cent quatre-vingt-quinze habitants, disséminés dans le bourg et dans une quarantaine de hameaux.

Le sol, en effet, sauf dans les vallées, est maigre, aride et, par suite, fort peu productif. Néanmoins les céréales réussissent assez bien dans le nord et l'ouest de la commune ; mais la majeure partie du territoire est couverte de bois et de bruyères. Les noyers y son assez abondants.

La petite rivière de l'Anguienne, qui prend sa source près du bourg de Dirac, arrose de bonnes prairies et fait mouvoir quelques moulins à blé, dont le plus important, le Moulin Barré, appartient à M. Loumière. Les Eaux-Claires font mouvoir le moulin de Combe-Loup, dont le propriétaire est M. Lagarde. En dehors de ces moulins, l'industrie est représentée par des tuileries im portantes.

Les deux vallées de l'Anguienne et des Eaux-Claires sont très intéressantes à parcourir ; elles sont en effet couronnées de rochers à pic de l'effet le plus pittoresque.(...)
De plus, le chemin d'intérêt commun d'Angoulême à La Valette dessert l'angle sud-ouest de la commune.

Si la commune de Dirac est peu intéressante pour l'industriel ou l'agriculteur, elle est par contre riche en souvenirs historiques.

Près du bourg, sur un rocher à pic qui domine l'Anguienne naissante, se dressent deux tours, entre lesquelles a été édifiée assez maladroitement une maison moderne. Dans les vastes caves creusées au-dessous, dans le roc, on peut encore- voir des excavations ayant dû servir de cachots. Ces deux tours sont les derniers restes d'un château féodal, ayant appartenu, pendant tout le Moyen-Age, à l'une des plus vieilles et des plus illustres familles de l'Angoumois, la famille Tison d'Argence, dont un dicton populaire disait : Paulte, Chambes et Tison,
D'Angoumois les plus vieilles maisons.

La forte position de cette forteresse la rendait presque imprenable, et l'on frémit, en songeant aux ruines qui s'amoncelaient, lorsque le seigneur de Dirac descendait dans la vallée, pour aller défier quelqu'un de ses voisins.

Le seigneur de Dirac avait pour suzerain l'évêque d'Angoulême, et son château était un des repaires de l'évêque, c'est-à-dire que ce dernier avait le droit d'y séjourner, soit à son gré, soit pendant un temps déterminé. Au treizième siècle, dans leur hommage, les Tison se reconnaissaient obligés de le rendre à l'évoque, lorsqu'il le requérait, ami ou ennemi, en paix ou en guerre.

Le château de Dirac appartient aujourd'hui à M. Parenteau-Lamcullière.(...)
Dans un terrain, appelé encore aujourd'hui Terre sarrasine, on a découvert de nombreux cercueils en pierre. On suppose que ce lieu servait de champ de sépulture à des Sarrasins établis dans le pays.

Ces étrangers, descendants des bandes d'Arabes, qui s'étaient fixés dans le pays, à la suite de la bataille de Poitiers, vécurent longtemps à part, craints et méprisés à la fois par la population. La suite des temps a fait disparaître toute différence de mœurs et de religion.

Un acte de 1572, relatif aux confrontations des terres de l'évêché, mentionne un dolmen, qui existait alors dans la paroisse de Dirac ; ce dolmen n'existe plus.

Le bourg de Dirac (80 hab.), à dix kilomètres est d'Angoulême, est construit dans une situation des plus pittoresques, au sommet d'un plateau élevé, qui domine la vallée de l'Anguienne.

Son église est un monument remarquable du douzième siècle. La façade notamment est fort belle et parfaitement conservée. La porte, à quatre archivoltes, est encadrée entre deux portes latérales aveugles; les cinq arcades du second étage reposent sur des colonnettes accouplées dont les chapiteaux sont ornés de sculptures ; une corniche horizontale, au milieu de laquelle on remarque un pignon, dont les dimensions répondent exactement à celles de la porte, termine le troisième étage. Toutes ces dispositions donnent un vrai mérite à cette belle façade.

Des remparts d'Angoulême on peut apercevoir à l'horizon, se détachant sur le vert sombre des bois, la masse blanche d'un beau château moderne : c'est le château d'Hurtebise, construit, au nord de la commune de Dirac, au sommet d'une haute colline qui domine la vallée de l'Anguienne. 

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