COMMUNE DE BALZAC en 1917
Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).
Superficie = 923 hect. 63; Population = 641 habitants.Formant une sorte de presqu'île entre la Charente et son affluent, l'Argence, la commune de Balzac doit à cette situation privilègiée un sol des plus fertiles, qui produit en abondance les fruits et les plantes maraîchères. Aussi les produits de cette commune, notamment les cerises et les petits pois, sont-ils des plus appréciés; on les recherche sur les marchés d'Angoulême, et il s'en expédie également de grandes quantités sur les marchés de Paris.
Le sol se prête, du reste, à toutes les cultures. Les diverses céréales donnent des rendements avantageux, quelques vignes ont été reconstituées et les prairies nourrissent un grand nombre de vaches, dont le lait vient alimenter les deux importantes laiteries dirigées par M. Hortolan et par M. Rochier.
Le dos de terrain qui sépare la vallée de la Charente de celle de l'Argence forme une sorte de longue falaise, très élevée et très escarpée dans sa partie septentrionale, aux environs des villages de Coursac et de la Font-Saint-Martin, et qui s'abaisse progressivement pour venir mourir au pied du château de Balzac.
La route d'Angoulême à Vars (chemin de grande communication n° 18 de Saint-Antoine à Chef-Boutonne) est la principale voie de communication de la commune, qu'elle parcourt du sud au nord ; les différents hameaux sont reliés entre eux par de bons chemins vicinaux ordinaires.
Autrefois, les habitants de Balzac jouissaient d' une réputation de simplicité par trop primitive.
A titre de curiosité, voici l'une des plus plus connues :
« Une des plus fortes têtes de l'endroit, après mûres réflexions,
« rassemble ses voisins ; on délibère et l'on décide que l'église doit
« être au milieu de la paroisse. Un immense câble de laine est
« alors amarré au clocher, et les Balzatois, hommes, femmes et
« enfants, de tirer sur le câble, et, comme il s'allonge, de crier que
« l'église avance ; mais bientôt, sous leurs efforts énergiques, le
« câble se rompt et nos travailleurs roulent pêle-mêle. Sur ces
« entrefaites, le meunier de Vindelle arrive et, trouvant la route
« encombrée, il lève son fouet d'un geste de commandement et
« fouaille à droite et à gauche, si bien que chacun se relève soudain.
« La charrette avance au milieu des cris et des jurements, on se
« bouscule, on s'échappe à travers les haies ; c'est un sauve-qui-
« peut général »
Le bourg de Balzac, situé sur les bords de la Charente, à dix kilomètres nord d'Angoulême, ne comprend que l'église et le château. L'église est une église romane du douzième siècle qui mériterait d'être restaurée. Le château, sans aucun caractère architectural, se recommande par le souvenir du grand écrivain, à qui il a appartenu, et que l'on a justement surnommé le Restaurateur de la langue française.
JEAN LOUIS GUEZ DE BALZAC naquit à Angoulême en 1594. Il était le second fils de Guillaume de Guez, gentilhomme languedocien qui, après avoir été attaché à la maison de Bellegarde, passa au service du duc d'Epernon, gouverneur d'Angoulême.
A l'âge de dix-sept ans, le jeune Louis partit pour la Hollande, où il suivit les cours de l'université de Leyde. De retour à Angoulême, il fit partie de la maison de Louis de Nogaret, le futur cardinal de La Valette. Ses premières lettres furent publiées en 1624.
Elles furent accueillies avec un grand enthousiasme par le monde des lettrés, et le cardinal de Richelieu chercha à le fixer à la Cour, en lui allouant une pension de deux mille livres, ainsi que le brevet d'historiographe du roi et de conseiller d'Etat.
« Une des plus fortes têtes de l'endroit, après mûres réflexions,
« rassemble ses voisins ; on délibère et l'on décide que l'église doit
« être au milieu de la paroisse. Un immense câble de laine est
« alors amarré au clocher, et les Balzatois, hommes, femmes et
« enfants, de tirer sur le câble, et, comme il s'allonge, de crier que
« l'église avance ; mais bientôt, sous leurs efforts énergiques, le
« câble se rompt et nos travailleurs roulent pêle-mêle. Sur ces
« entrefaites, le meunier de Vindelle arrive et, trouvant la route
« encombrée, il lève son fouet d'un geste de commandement et
« fouaille à droite et à gauche, si bien que chacun se relève soudain.
« La charrette avance au milieu des cris et des jurements, on se
« bouscule, on s'échappe à travers les haies ; c'est un sauve-qui-
« peut général »
Le bourg de Balzac, situé sur les bords de la Charente, à dix kilomètres nord d'Angoulême, ne comprend que l'église et le château. L'église est une église romane du douzième siècle qui mériterait d'être restaurée. Le château, sans aucun caractère architectural, se recommande par le souvenir du grand écrivain, à qui il a appartenu, et que l'on a justement surnommé le Restaurateur de la langue française.
JEAN LOUIS GUEZ DE BALZAC naquit à Angoulême en 1594. Il était le second fils de Guillaume de Guez, gentilhomme languedocien qui, après avoir été attaché à la maison de Bellegarde, passa au service du duc d'Epernon, gouverneur d'Angoulême.
A l'âge de dix-sept ans, le jeune Louis partit pour la Hollande, où il suivit les cours de l'université de Leyde. De retour à Angoulême, il fit partie de la maison de Louis de Nogaret, le futur cardinal de La Valette. Ses premières lettres furent publiées en 1624.
Elles furent accueillies avec un grand enthousiasme par le monde des lettrés, et le cardinal de Richelieu chercha à le fixer à la Cour, en lui allouant une pension de deux mille livres, ainsi que le brevet d'historiographe du roi et de conseiller d'Etat.
Lorsqu'en 1631, Balzac publia son ouvrage du Prince, cet ouvrage fut l'objet des plus amères critiques. Balzac s'enfuit alors dans sa chère solitude de l'Angoumois et n'en sortit plus guère. Il était heureux d'y recevoir ses nombreux amis et c'est dans son château de Balzac qu'il écrivit la plupart de ses Lettres et son Socrate Chrétien.
Lorsque le cardinal de Richelieu eut institué l'Académie, il appela Balzac à en remplir un des premiers fauteuils; ce dernier fut présenté à l'Académie le 13 mars 1634. Il n'y parut du reste qu'une seule fois, vers 1636, et se retira définitivement au château de Balzac.
Il ne quitta plus sa retraite qu'à de rares intervalles, pour venir à Angoulême faire ses dévotions au couvent des Capucins, et il rendit le dernier soupir, à Angoulême, chez sa sœur, Mme de Campagnol, le 18 février 1654, âgé de soixante ans.
Il demanda par son testament que son corps fût enterré dans la chapelle de l'hôpital. Ses désirs furent exaucés, et, lorsque l'hôpital d'Angoulême fut déplacé, on transporta les restes du grand écrivain dans la chapelle du nouvel établissement où l'on peut encore voir son tombeau.
Afin de faire connaître à nos lecteurs le style de notre écrivain, nous croyons devoir reproduire la lettre suivante, que Balzac écrivait à M. de Lamotte-Aigron, avocat au présidial d'Angoulême, et où il s'étend longuement sur sa propriété.
« Il fit hier un beau jour sans soleil. Enfin, je n'eus jamais tant
« de plaisir à m'entretenir moi-même, et quoique je me promenasse
« en une campagne toute nue, et qui ne saurait servir à l'usage des
« hommes que pour être le champ d'une bataille, néanmoins l'ombre
« que le ciel faisait de tous côtés m'empêchait de désirer celle des
« grottes et des forêts. La paix était générale depuis la plus haute
« région de l'air jusque sur la face de la terre ; l'eau de la rivière
« paraissait aussi plate que celle d'un lac ; et si, en pleine mer, un
« tel calme surprenait pour toujours les vaisseaux, ils ne pourraient
« jamais ni se sauver ni se perdre.
« Nous sommes ici dans un petit rond tout couronné de montagnes,
« où il reste encore quelques grains de cet or dont les premiers
« siècles ont été faits. Certainement, quand le feu s'allume aux
« quatre coins de la France, et qu'à cent pas d'ici la terre est toute
« couverte de troupes, les armées ennemies, d'un commun consen-
« tement, pardonnent toujours à notre village, et le printemps, qui
« commence les sièges ou les autres entreprises de la guerre, ne
« nous fait jamais rien voir de nouveau que des violettes et des
« roses. Notre peuple ne se conserve dans son innocence ni par la
« crainte des lois ni par l'étude de la sagesse ; pour bien faire, il
« suit simplement la bonté de sa nature, et tire plus d'avantages
« de l'ignorance du vice que nous n'en avons de la connaissance
« de la vertu. De sorte qu'en ce royaume de demi-lieue on ne sait
« tromper que les oiseaux et les bêtes, et le style du palais est une
« langue aussi inconnue que celle de l'Amérique ou de quelque
« autre nouveau monde. Les choses qui nuisent à la santé des
« hommes, ou qui offensent leurs yeux, en sont généralement bannies.
« Il ne s'y vit jamais de lézards ni de couleuvres, et, de toutes les
« sortes de reptiles, nous ne connaissons que les melons et les
« fraises.
« Je ne veux pas vous faire le portrait d'une maison dont le dessin
« n'a pas été conduit selon les règles de l'architecture, et dont la
« matière n'est pas si précieuse que le marbre et le porphyre. Je
« vous dirai seulement qu'à la porte il y a un bois où en plein midi
« il n'entre de jour que ce qu'il en faut pour n'être pas nuit, et
« pour empêcher que toutes les couleurs ne soient noires....
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