TOUVRE

L’Eglise Sainte-Marie-Madeleine de TOUVRE, aujourd’hui menacée de ruine


COMMUNE DE TOUVRE

Superficie = 905 hect.; Population = 555 habitants.

Au sommet d'une colline escarpée, dominant les sources de la Touvre, se dresse une vieille église romane entourée de quelques maisons et les débris informes d'un vieux château.

Le village, c'est le chef-lieu de la petite commune de Touvre, plus remarquable par ses curiosités naturelles que par ses richesses industrielles ou agricoles. Les ruines du château sont appelées improprement dans le pays Château de Ravaillac, bien que le régicide n'en ait jamais été le possesseur. 
Ces ruines proviennent du château construit, vers l'an 1050, par Guillaume Taillefer, évêque d'Angoulême, pour se défendre dans la lutte qu'il soutenait contre son frère Foulques, comte d'Angoulême. Il n'était pas rare, à cette époque où les luttes entre les seigneurs étaient, pour ainsi dire, journalières, de voir les évêques endosser la cuirasse et soutenir leurs droits, les armes à la main.
Guillaume imita cet exemple et, son frère Foulques s'étant emparé des revenus de l'évêché, il n'hésita pas à entrer en lutte avec lui, pour défendre les prérogatives de son église.

Afin de pouvoir mieux se défendre, il construisit le château de Touvre, dont il fit une forteresse redoutable. La guerre entre les deux frères se termina par des concessions mutuelles, et, à la mort de Guillaume, le château de Touvre devint la possession des comtes d'Angoulême, alors qu'une partie des terres et les droits féodaux restèrent la propriété des évêques, qui, jusqu'à la Révolution, portèrent le titre de barons de Touvre.
(...)
Au traité de Brétigny (1360), Touvre fut cédé à l'Angleterre et la garnison française fut remplacée par une garnison anglaise, qui, profitant de la forte position de cette place, promena la terreur dans tout le pays environnant, pillant et incendiant les maisons, ravageant les récoltes, exterminant les habitants.

Cet état de choses dura jusqu'en 1387, époque à laquelle le maréchal de Sancerre, ayant réussi à chasser les Anglais, démantela le château, dont il ne subsista que des débris, qui demeurèrent la propriété des rois de France.

Dans les premières années du dix-huitième siècle, ce qui restait de la seigneurie de Touvre fut vendu douze mille cinq cents livres à Guillaume Deval, président de l'Election d'Angoumois. A cette époque, l'état de délabrement du château était tel qu'en 1738,son propriétaire donna l'autorisation d'y prendre les matériaux nécessaires à la construction d'un bâtiment voisin.

En 1764, M. Caminade de Chatenay, avocat du roi au siège de Cognac, se rendit acquéreur des ruines de Touvre; mais, en 1779, il dut les rétrocéder au comte d'Artois, qui avait revendiqué ses droits. A la Révolution, elles furent saisies et vendues comme bien national.

Aujourd'hui il ne reste que des vestiges insignifiants de ce qui fut le château de Touvre.

Le moulin, situé sur la Touvre au pied de la colline et qui dépendait du château, porte encore le nom de Moulin du Roi.

La commune de Touvre est très accidentée. Le frais vallon de l'Echelle, petit cours d'eau qui prend sa source à quinze kilomètres de là, près du bourg de Dignac, la parcourt du sud au nord et s'élargit aux environs du logis de la Lèche, pour former la large et riante vallée de la Touvre.
(...)
Qu'on se figure, s'ouvrant au-dessous des ruines du château de Touvre, un cirque profond, aux pentes escarpées et revêtues d'arbres et de buissons sauvages, au fond duquel l'œil cherche vainement à sonder la profondeur d'une nappe liquide, d'un bleu sombre, dont l'immobilité apparente vous fascine et vous attire : c'est le Dormant, qui, vingt mètres plus loin, rejoint une autre source, le Bouillant, dont l'activité forme un contraste frappant avec la calme tranquillité de son voisin, et que l'on voit sourdre d'un cirque de rochers, sous la forme d'une forte gerbe d'eau, qui s'élève parfois à plus de cinquante centimètres de hauteur.

Ces deux sources forment ce que l'on appelle dans le pays, le Gouffre.

La large rivière, issue de ces deux sources admirables, rejoint la jolie rivière de la Lèche, qui sort elle aussi d'une belle source jaillissante située à cinq cents mètres de là, et dans laquelle s'est jeté le petit ruisseau de l'Echelle.

La Touvre est alors un beau cours d'eau, large de près de cent mètres, qui peut porter bateau et qui, dès sa naissance, fait mouvoir de nombreuses usines. Aussi peut-elle être mise au rang des rivières industrielles les plus importantes de France ; car, sur son cours, qui ne dépasse pas une douzaine de kilomètres, on rencontre plus de quinze usines de premier ordre, parmi lesquelles la Fonderie nationale de Ruelle tient le premier rang.

La commune de Touvre est peu favorisée au point de vue agricole.

Les prairies, arrosées par la Touvre, sont généralement marécageuses et produisent un fourrage de médiocre qualité. Néanmoins, on élève dans la commune une assez grande quantité de vaches laitières.
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Les deux lignes de chemin de fer d'Angoulême à Limoges et d'Angoulême à Périgueux traversent la commune ; mais la station qui dessert Touvre, à la bifurcation de ces deux lignes, est sur la limite des deux communes et porte le nom de Magnac- Touvre.

Deux chemins de grande communication desservent la commune de Touvre : le chemin n° 3 d'Angoulême à Séreilhac, par Montbron, passe au pied de la colline qui supporte le bourg, et le chemin n° 23, du Pas de Fontaine à Chef-Boutonne, descend des hauteurs de Sainte-Catherine, passe devant le logis de la Lèche et se dirige vers Magnac.

Un chemin d'intérêt commun, partant de la Lèche, met en relations la commune de Touvre avec le bourg de Ruelle.

Ainsi que nous l'avons dit plus haut, le bourg de Touvre (39 hab.),
situé à neuf kilomètres est d'Angoulême, ne comprend que quelques maisons groupées autour de l'église. Cette dernière, qui date du douzième siècle, a remplacé un édifice plus ancien, dont on aperçoit les traces du côté du nord. La façade comprend un beau portail, accompagné de deux portes aveugles et surmonté d'une grande fenêtre, que domine un parapet établi sur mâchicoulis. L'abside est ornée d'un beau triplet roman.
Les registres de l'Etat-Civil remontent à l'année 1643.
Le Caillou (95 hab.) n'est pas, à proprement parler, un village.
C'est un ensemble de maisons disséminées le long de la route de Sainte-Catherine et aux alentours de la gare de Magnac.
Le centre le plus important de la commune est le village de Chez-Lorin (75 hab.), échelonné le long de l'ancienne route de Montbron et qui possède la mairie et la maison d'école.
Le logis que l'on remarque au village de la Lèche (57 hab.), est une ancienne maison noble, qui, vers la fin du seizième siècle, appartenait à Jean des Ages, seigneur de Macqueville. C'est aujourd'hui la propriété de M. Mathé-Dumaine.



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