
MONTBRON
Hôtel de France.
Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).
COMMUNE DE MONTBRON
Superficie = 4335 hect, 63; Population = 2729 habitants.
Dans une boucle de la Tardoire se dresse un mamelon, dominé
de tous côtés par des collines plus élevées, mais qui n'en constituait
pas moins une position stratégique des plus im portantes avant l'in-
vention des armes à feu. Aussi, dès les premiers tem ps de leur
conquête, les Romains avaient-ils établi sur ce mamelon un oppidum,
sous la protection duquel s'était édifiée une ville, dont la charrue a
souvent mis à jour des débris importants. C'était comme la senti-
nelle avancée de l'Angoumois vers le Limousin.
Après les invasions barbares, lorsque l'Aquitaine eut été conqui-
se par les Francs, cette partie du pays échut à Sigebert, roi d'Aus-
trasie ; mais, si nous en croyons Grégoire de Tours, le roi de Neus-
trie, Chilpéric, y avait déjà installé un de ses fidèles, le comte Be-
rulphus, auquel il avait délégué ses pouvoirs et qui fut chargé de
résister aux hordes de Sigebert.
Berulphus réussit à se maintenir en cet endroit; son long séjour
et ses exploits contri buèrent à faire donner au poste qu'il établit sur
la colline le nom de Mons Berulphi, devenu, par la suite, Montbé-
rou, en patois du pays et Montbron, en français moderne.
Quoi qu'il en soit, bien avant le dixième siècle, la baronnie de
Montbron avait déjà une grande importance et exerçait sa juridic-
tion sur dix-neuf paroisses.(...)
D'après la chronique d'Aymard de Chabanais, les premiers se-
gneurs de Montbron durent être des guerriers, auxquels les premiers
comtes non héréditaires d'Angoulême confièrent ce poste.
Pendant la longue lutte que soutint l'Aquitaine pour conserver
son indépendance, les seigneurs de Montbron embrassèrent avec ar-
deur la cause du duc d'Aquitaine, Waïfre, et succombèrent dans
cette guerre meurtrière.
C'est alors que s'établit dans le pays une nouvelle famille, dont le
premier membre connu est Robert, qui peut être considéré comme
le véritable fondateur de la famille de Montbron. Ce fut un vaillant
guerrier, qui prit parti pour le comte d'Angoulême, Guilaume III
Taillefer, dans la longue lutte que ce comte soutint contre ses puis-
sants voisins. A partir de cette époque, tous les aînés de la famille
portèrent le nom de Robert.
Un oncle de Robert, Guillaume de Montbron, fut évêque de Péri-
gueux. Ce fut un prélat distingué, renommé par sa science et la sain-
teté de sa vie. Sa réputation s'étendait au loin; il fut membre de
plusieurs conciles et fut pris comme arbitre dans un grand nombre
de différends. Il mourut à Périgueux le 9 février 1081, et demanda
à être enterré à Montbron, à côté des membres de sa famille.
Les successeurs de Robert, Robert II et Robert III, furent de
fidèles alliés des comtes d'Angoulême, qu'ils soutinrent dans leurs
expéditions, soit contre des vassaux rebelles, soit contre les ducs
d'Aquitaine.
Un des fils de Robert III fut Robert de Montbron, évêque d'An-
goulême, que nous avons vu, dans notre Précis historique, souten ir
vigoureusement les droits de son église contre Hugues le Brun,
comte d'Angoulême.(...)
La ville de Montbron se développa rapidement sous la protection
de ses puissants barons. Elle était entourée d'une enceinte murale,
ilanquée de tours et percée de cinq portes. Malgré sa forte position,
elle fut deux fois prise par les Anglais, pendant la guerre de Cent
ans, et elle fut pillée par les protestants, pendant les guerres reli-
gieuses du seizième siècle.
Lorsque la sécurité revint avec la paix, une partie de la popula-
tion se répandit dans les campagnes et la ville diminua d'impor-
tance; de nombreux villages se créèrent alors aux environs et les
terres en friche furent mises en valeur. Aussi la ville de Montbron
ne compte-t-elle que la moitié de la population résidant dans la
commune.
C'est aujourd'hui une ville commerçante de 1321 habitants, si-
tuée sur la route départementale N° 6 de Séreilhac à Mansle, à
vingt-neuf kilomètres d'Angoulême, où se tiennent, le 1er de chaque
mois, des foires très importantes. Ses remparts ont disparu et il
reste fort peu de choses de son ancien château. L'industrie est re-
présentée par la très importante manufacture de feutres de MM. Bricq
et Cie. Elle possède des registres paroissiaux qui remontent à l'an-
née 1634.
Par suite de sa situation en dehors du parcours des routes natio-
nales, Montbron avait été laissé à l'écart des lignes de chemin de
fer à voie normale, construites dans le département. Aujourd'hui
Montbron est desservi par la petite ligne à voie étroite d'Angoulê-
me à Roumazières.
(...)
La commune de Montbron est une des plus étendues du départe-
ment; elle vient au cinquième rang, immédiatement après les com-
munes de Saint-Maurice, Brigueuil, Alloue et Champniers. C'est
une contrée pittoresque, où les sites remarquables abondent, où de
profondes vallées sont parcourues par de clairs ruisseaux et où les
collines atteignent les plus grandes hauteurs de tout le département.
Le centre en est traversé, de l'est à l'ouest, par la Tardoire, qui
quitte les terrains granitiques un peu avant d'atteindre la ville de
Montbron et qui reçoit sur le territoire de la commune la Touille et
le ruisseau des Renaudies, petits cours d'eau, qui coulent dans de
riantes vallées. Au nord de la Tardoire, les collines s'élèvent pro-
gressivement pour atteindre leur point culminant à l'Arbre, dans
la commune de Rouzède. Au sud, le plateau, qui s'étend entre la
Tardoire et le Bandiat, est moins élevé; on y rencontre des bois
im portants.
Le sol de la commune est bien cultivé et se prête à tous les gen-
res de cultures. Grâce aux excellentes prairies baignées par la Tar-
doire et ses affluents, l'élevage du bétail y donne de très beaux résul-
tats; les céréales y donnent également de bons rendements et quel-
ques beaux vignobles y ont été reconstitués.
(...)
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