La Rochefoucauld-en-Angoumois (16281)




Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).

COMMUNE DE LA ROCHEFOUCAULDSuperficie = 718 hect. 47; Population = 2.984 habitants,

Grâce à la protection éclairée de ses puissants seigneurs, La Rochefoucauld devint promptement, au Moyen Age, l'une des cités
les plus importantes de l'Angoumois, et c'est encore aujourd'hui l'une des principales villes de notre département; c'est certainement
le chef-lieu de canton le plus important de l'arrondissement d'Angoulême.

A quelle époque peut-on faire remonter l'origine de La Rochefoucauld? Il serait impossible de le préciser. Cependant, bien que la vallée de la Tardoire ait été habitée dès les temps préhistoriques,
ainsi que le prouvent les nombreuses découvertes qu'on y a faites d'armes et d'outils des premiers âges de l'humanité, nous ne croyons pas que la fondation de La Rochefoucauld soit antérieure à l'occupation romaine.

Quoi qu'il en soit, au neuvième siècle, afin de protéger les habitants de la contrée contre les invasions normandes, un fort fut éta-
bli sur la Roche, qui domine la vallée de la Tardoire, fort large en cet endroit. Ce fort devint le siège d'une baronnie, qui, vers 950,
appartenait à Aymard de Lusignan, fils de Hugues Ier de Lusignan, et de la célèbre Mélusine.(...)
La sage administration de Guy III et de Guy IV permit à la malheureuse cité de se relever rapidement. Afin de pouvoir mieux
résister aux attaques du dehors, ces deux barons édifièrent, sur les fondements de l'ancienne tour, le haut donjon carré que l'on voit encore enclavé dans le château moderne.

Leur successeur, Foucauld II, peut être considéré comme le fondateur de cette grande famille, qui prit son nom de Foucauld. C'était
un puissant seigneur, qui accrut ses domaines des baronnies de Verteuil, de Blanzac et de Marthon. Dans la lutte que soutenait
alors le roi de France, Philippe-Auguste, contre l'Angleterre, Foucauld II prit parti pour le roi de France et fut fait prisonnier à la bataille de Gisors (1198).

C'est à partir de cette époque que la ville, qui s'étend au pied du donjon, prit son nom actuel de La Roche-Foucauld.

Pendant les treizième et quatorzième siècles, les successeurs de Foucauld II agrandirent considérablement leurs domaines. Successi-
vement, des fiefs importants, Cellefrouin, Bayers, Claix, Montignac, Tourriers, Marcillac, Montendre, Roissac, Montguyon, etc. furent
annexés à la baronnie de La Rochefoucauld, qui devint alors la plus considérable de l'Angoumois.
(...)
Le successeur d'Emery, Guy VIII, demeura également fidèle à la cause de la France, et, après la défaite du roi Jean à Poitiers, il
continua à soutenir les droits de la couronne de France. Les Anglais eurent en lui un adversaire redoutable et, en 1370, le roi Charles V, pour le récompenser, décida que toutes les terres dépendant de la baronnie, ressortiraient à l'avenir de la justice de La Rochefoucauld.

La ville de La Rochefoucauld prit alors une importance encore plus grande et put rivaliser avec les principales villes de la province,
telles que Cognac et Barbezieux.

Cependant, grâce à la politique habile du roi Charles V et à la vaillante épée du connétable Du Guesclin, les Anglais étaient chassés
de France et la paix renaissait. Cette tranquillité ne pouvait plaire à l'humeur guerrière de notre baron ; son esprit aventureux le portait à rechercher les expéditions lointaines. Ayant rassem blé
une troupe nombreuse et bien armée, il partit pour le Portugal, dans l'intention de se tailler un royaume aux dépens des Sarrasins.

Son entreprise n'eut aucun succès et il dut revenir en Angoumois, ne ramenant que de faibles débris de sa petite armée.

Il avait épousé Marguerite de Craon, dont il eut un fils, Foucauld III, qui lui succéda.
(...)
La première partie du seizième siècle est la plus belle époque de l'histoire de La Rochefoucauld. Sous l'habile administration de ses comtes, cette ville put profiter de tous les progrès accomplis dans le commerce et dans l'industrie, qui s'y développèrent rapidement.

Il s'y établit notamment des tanneries très importantes. Deux grandes foires, qui s'y tenaient, la première au mois de juin et la deu-
xième en septembre, et qui duraient plusieurs jours, attiraient un grand nombre d'étrangers et facilitaient les transactions commercia-
les. Aussi La Rochefoucauld était-elle une des villes les plus riches et les plus peuplées de toute la province.

Malheureusement cette prospérité si brillante allait som brer dans toute l'horreur des guerres civiles. Sous l'influence de sa seconde
femme, Charlotte de Roye de Roussi, le comte François III y avait, en effet, embrassé la cause de la Réforme et avait introduit dans
ses domaines les doctrines de Calvin. 
(...)
Le comte de La Rochefoucauld fut une des premières victimes de la Saint-Barthélemy. Le soir de cette nuit fatale, il se trouvait chez
le roi. Charles IX, qui l'affectionnait beaucoup, chercha à le retenir au Louvre pendant la nuit, mais il ne put y réussir. Quelques heures après, le malheureux comte était assassiné et son cadavre jeté dans la rue.

Son fils, qui fut comte sous le nom de François IV, avait échappé au massacre. Il n'en eut pas moins une fin tragique ; car il fut assassiné par les Ligueurs, le 15 mars 1591.
(...)
ors de la création des départements, La Rochefoucauld devint le chef-lieu d'un district, comprenant les neuf cantons de La Rochefou-
cauld, Jauldes, Chasseneuil, Montembœuf, Montbron, Cellefrouin, Saint-Amant-de-Boixe, Marthon et Rouillac. 
(...)
Le château de La Rochefoucauld est un des monuments les plus remarquables de notre dépar-ment. Il date de trois époques différentes, mais la partie la plus remarquable de l'édifice est celle qui a été édifiée au seizième siècle, sous l'administration du comte François II et de sa femme, Anne de Polignac.
La partie la plus ancienne est le vieux donjon carré, qui fut construit au dixième siècle et qui domine encore au loin toute la vallée
de la Tardoire. Du treizième au quinzième siècle furent construi tes les tours jumelles de la porte d'entrée, ainsi que la tour du
sud-est et celle du nord. Cette dernière paraît être de la fin du quinzième siècle.

Quant au corps de logis de la Renaissance, notre cadre est trop restreint pour que nous puissions songer à le décrire en détail. Nous
nous bornerons donc à en étudier les parties les plus remarquables: l'escalier, la galerie intérieure et la façade de l'est.

L'escalier, un des plus beaux de France, est contenu dans un pavillon carré ; les marches, au nombre de cent huit, ont une longueur de deux mètres soixante-q uatre centimètres dans la partie la plus étroite et de quatre mètres cinq centimètres dans la partie la plus large. Elles s'enroulent autour d'une gracieuse colonne, ornée de moulures en spirale, qui s'élargit à son sommet pour donner
naissance à des nervures se terminant par des clefs pendantes. Toute la sculpture de cet escalier est des plus soignées.

Au sommet de l'escalier se trouve, sculpté en demi-relief, un buste d'homme, et, à côté, dans un cartouche, sont inscrits le nom
d'Antoine Fontant et le millésime 1538. De nombreux auteurs, entre autres l'abbé Michon, ont cru voir dans ce buste et dans l'inscrip-
tion qui l'accompagne, le buste et le nom de l'architecte du château. Nous ne saurions partager cette opinion.
(...)
La façade de l'est domine le cours de la Tardoire; elle a trois étages au-dessus du rez-de-chaussée. Les fenêtres sont à croisée et
ornées de pilastres. Les détails des chapiteaux sont traités avec beaucoup de soin et sont des plus variés. On doit surtout admirer
les fenêtres qui s'élèvent au-dessus du toit et qui sont de véritables chefs-d 'œuvre.

Le château de La Rochefoucauld, délaissé par ses propriétaires, menaçait de tomber en ruines. Mais, il y a quelques années, son
possesseuractuel, le duc François-Alfred-Gaston de Larochefoucauld le fit réparer à grands frais et y fait actuellement de fréquents
séjours.(...)

La plupart des habitants sontcommerçants. Cependant l'industrie est représentée par l'importante fabrique de tissus de MM. Faynot,
Lamoine et Chaignaud.

La ville de La Rochefoucauld était très rich e en monuments religieux ;nous ne citerons que ceux qui ont été conservés dans leur intégrité ou dont il existe encore des vestiges plus ou moins considérables.

Citons en première ligne l'église paroissiale Notre-Dame. Cet édifice, très important, fut construit en 1262. Il remplaça une antique chapelle, dédiée à la Sainte-Vierge, et près de laquelle s'étaient réunis et vivaient quelques pieux chapelains. Après avoir été richement reconstruite et dotée, l'église Notre-Dame devint une collégiale qui, dès l'origine, comprit trente-deux chanoines.

Elledevint paroissiale en 1274.

Le clocher fut construit en 1332. La cage des cloches, un peu massive, est surmontée d'une superbe aiguille octogone, ornée sur toutes ses arêtes de crossettes végétales.

Cette église fut ruinée par les protestants, mais restaurée presque aussitôt.

Depuis, on y a ajouté deux chapelles en forme de transept. L'église Notre-Dame de La Rochefoucauld est un monument ogival qui
mérite d'être signalé.

Dans la rue des Bancs on peut encore voir une petite église, dont l'architecture très primitive semble indiquer un édifice très ancien.

Il se pourrait que cette église ait servi de centre paroissial avant la construction de la grande église de Notre-Dame.

Le prieuré de Saint-Florent, fondé en 1060 par Guy Ier, baron de La Rochefoucauld, relevait de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur.(...)
Les modillons méritent également l'attention et signalent le réveil de l'art chrétien, qui deviendra si riche au siècle suivant.

Sur la rive gauche de la Tardoire, au pied du château, s'élevait l'église Saint-Pierre de la Basse-Ville. A l'origine, cette église
était le siège d'un archiprêtré,qui fut depuis transféré à Saint-Projet.

Il n'existe plus de ce beau et vaste monument roman que quelques pans de murailles de l'abside. Cette abside, très vaste, était ornée à
l'intérieur de sept grandes arcatures, éclairées par de belles fenêtres en plein cintre.

La même ornementation se reproduisait à l'extérieur. Les colonnes, qui séparaient les arcades, avaient cela de particulier, et peut-être
d'unique, qu'elles ne reposaient pas sur un soubassement régulier, mais qu'elles se terminaient en pointe à assises imbriquées.

Mentionnons, en terminant, le beau cloître ogival de l'ancien couvent des Carmes, qui a subsisté jusqu'à nos jours et qui entoure au-
jourd'hui la cour du collège.

Les premiers registres de l'état civil de La Rochefoucauld sont très anciens et remontent à l'année 1574. Malheureusement, ils offrent
de nombreuses lacunes.

Parmi les hameaux de la banlieue de La Rochefoucauld, deux méritent de retenir l'attention : Péruzet (94 hab.) et Olérat (113 hab.).

Le premier de ces villages est situé sur la limite de la commune de Rivières et possède une tuilerie mécanique importante, dirigée
par M. de Villemandy. Bien que la tuilerie se trouve sur le territoire de la commune de Rivières, nous croyons devoir la mentionner ici.
(...)


Marché aux bestiaux à LA ROCHEFOUCAULD .
Marché aux bestiaux à LA ROCHEFOUCAULD

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