Vibrac (16402)

Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).

COMMUNE DE VIBRAC

Superficie = 282 hect., 92 ; Population = 291 habitants.

Si, après avoir quitté le bourg de Saint-Simeux, nous traversons le plateau en forme de promontoire, qui forme le territoire de cette commune, nous arrivons au bourg de Vibrac, chef lieu et seule
agglomération de la commune du même nom. 
Cette commune, de faible étendue, possède un sol fertile. La principale culture est celle des céréales ; les vignes reconstituées couvrent une étend ue d'environ vingt-cinq hectares. La Charente, qui arrose
de magnifiques prairies, limite la commune au sud; le fleuve se divise en plusieurs bras, formant ainsi de nombreuses îles ombragées qui rendent les environs de Vibrac des plus agréables. 
L'industrie est représentée par un moulin à plâtre, alimenté par les carrières de la commune voisine de Moulidars, et appartenant à M. Rullier, et par deux moulins à blé. Nous pouvons mentionner
également l'importante maison de commerce, dirigée par l'honorable conseiller général du canton de Chàteauneuf, M. Richard-Delisle. 
Le bourg de Vibrac (291 hab.), dans une riante situation sur la Charente, à cinq kilomètres nord de Châteauneuf et vingt-six kilomètres de Cognac, est construit sur la route de Châteauneuf à Jarnac
(chemin de grande communication n° 22 de Saint-Séverin à Matha). 
C'est un gros bourg très animé, renfermant la totalité de la population de la commune, et qui, à l'époque où la navigation de la Charente était plus active, fournissait un nombre important de matelots. Il est relié par des chemins d'intérêt commun aux communes voisines de Saint-Sinieux et de Moulidars. Son église, dont la construction remonte au douzième siècle, a beaucoup souffert et a été complètement dénaturée; ce n'est plus qu'un long bâtiment sans caractère. Les registres paroissiaux de Vibrac remontent à l'année 1584.

Si nous les consultons, ils nous apprennent que d'effroyables tempêtes ont dévasté la paroisse le 9 juillet 1598 et le 21 juin 1724 et qu'en 1631, la peste a fait plus de cent soixante victimes dans une population d'environ cinq cents habitants.

Dans un site ravissant, au milieu d'une île entourée par la Charente et cachée par un rideau de verdure, s'élève une vaste construction, aujourd'hui abandonnée, et dont les pierres se détachent les unes après les autres sous l'action du temps et des intempéries. C'est l'ancien château de Vibrac, construit au quinzième siècle par les seigneurs de Mareuil. 
Si nous en jugeons par ce qu'il en reste, notamment par la façade
tout le long de laquelle règne une large terrasse à balustres, soutenue par trois grandes arcades voûtées, ce château devait être très important, et pourtant, à partir du dix-septième siècle, il fut peu habité par ses possesseurs qui, appartenant tous à d'illustres familles, en abandonnaient la garde à des intendants. 
Au Moyen-Age, la terre de Vibrac appartenait à la famille de Montchaude. Hugues de Montchaude, qui possédait Vibrac au quatorzième siècle, maria sa fille, Jovide, à Raymond de Mareuil, seigneur de Villebois, qui par ce mariage devint également seigneur de Vibrac. 
Un neveu de Hugues de Montchaude avait embrassé la cause des Anglais, qui ravageaient alors la France (c'était l'époque désastreuse de la guerre de Cent ans). Pour le punir de sa défection, le roi
Jean le dépouilla de tous ses biens en faveur de Raymond de Mareuil, qui s'était toujours montré un chaud partisan de la cause nationale et qui s'était battu vaillamment contre les ennemis de son pays.

En 1660, la seigneurie de La Valette, comprenant les chàtellenies d'Angeac et de Vibrac, fut vendue par le duc d'Epernon au maréchal de Navailles, qui mourut en 1684, laissant pour héritières trois
filles; la plus jeune, Gabrielle, prit pour époux le marquis de Pompadour, dont elle eut une fille, Françoise, qui épousa messire Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau, gouverneur de Touraine.
 Cette dernière fut veuve de bonne heure ; le marquis de Courcillon était criblé de dettes ; aussi ses biens furent-ils saisis et vendus en partie pour satisfaire ses créanciers. Vibrac passa à ses héritiers,
qui le vendirent un peu après 1784, à la veille de la Révolution.
Le château de Vibrac appartient aujourd'hui à M. Frédéric-Jacques, des Granges de Ste-Sévère.
Un autre petit logis, que l'on voit coquettement assis sur le bord du coteau qui domine le bourg de Vibrac, les Courades, dépendait du château de Vibrac. 
C'était une seigneurie qui, à la fin du seizième siècle, appartenait à la famille de Lestang. Le dernier  représentant de cette famille, Aymar de Lestang, mourut vers la fin du seizième siècle.(...)



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