Géographie historique et communale de la Charente.... par J. Martin-Buchey,... Martin-Buchey, Jules (1850-1918).
COMMUNE DE BASSAC
Superficie = 761 hect. 16; Population = 649 habitants.
Dans les premières années du onzième siècle, le seigneur de Jarnac, Wardrade, ayant fait vœu d'édifier sur ses terres un monastère de l'ordre de Saint-Benoît, si Dieu lui accordait la grâce de devenir père, fixa son choix, d'accord avec son épouse, Rixendis, sur le petit bourg de Bassac, qui remplissait les conditions les plus favorables pour une pareille entreprise.
Il était, en effet, difficile de rencontrer un endroit plus propice : de vastes prairies baignées par la Charente, des terres fertiles, de grands bois, une population paisible formaient le cadre naturel,
au centre duquel allait s'élever la nouvelle abbaye.
Les fondements en furent tracés par Islo, évêque de Saintes, et la charte, qui consacra la fondation de l'abbaye de Saint-Etienne de Bassac, fut signée par d'importants personnages de l'époque, parmi
lesquels nous pouvons citer : le pape Benoît VIII, Islo, évêque de Saintes, Grimoard, évêque d'Angoulême, Seguin, archevêque de Bordeaux, Guillaume, duc d'Aquitaine, Guillaume II, comte
d'Angoulême, et beaucoup d'autres seigneurs.
Lorsque le monastère fut édifié, Wardrade lui assura les revenus nécessaires ; puis il y appela des moines de l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême et mit à leur tête un des leurs, Aymard, qui
était renommé par sa haute piété. Quelque temps après, l'église de la nouvelle abbaye fut consacrée par les évêques d'Angoulême et de Saintes.(...)
C'est vers le milieu du treizième siècle que les moines de Bassac réussirent à s'affranchir de la sujétion qui les liait à Saint-Jean d'Angély. A la même époque, l'église primitive, devenue insuffisante, fut agrandie et remplacée par un autre monument beaucoup plus vaste. Les treizième et quatorzième siècles furent une période de grande prospérité pour l'abbaye de Bassac. Grâce à sa situation écartée, le
monastère put franchir sans dommages la première période de la guerre de Cent ans. Bien plus, l'abbaye de Saint-Jean d'Angély ayant été pillée et ruinée, en 1346, par le duc de Lancastre, une partie de ses religieux se réfugièrent à l'abbaye de Bassac, dont le personnel fut, de ce fait, considérablement augmenté.
Cette tranquillité ne devait pas durer. En 1434, une troupe d'Anglo-Gascons, commandée par le maire de Bordeaux, s'empara de la petite ville de Bassac ; les bâtiments de l'abbaye furent ruinés ; les religieux et les habitants furent dispersés et plusieurs d'entre eux furent emmenés en captivité. Tout le pays environnant fut également saccagé. Lorsque la tourmente fut apaisée, les moines qui avaient échappé au désastre ne retrouvèrent, à la place de leur couvent, qu'un monceau de ruines et durent se retirer dans quelques maisons particulières.
Pour remédier à une telle situation, il était nécessaire que le monastère eût à sa tête un homme énergique et intelligent, capable de s'opposer aux empiétements des seigneurs voisins. Le choix des
religieux se porta sur Henri de Courbon, prieur de Jarnac, qui réunissait toutes les qualités voulues. Issu d'une grande famille de la Saintonge, c'était un homme sage et courageux qui, à une haute vertu, joignait une grande fermeté de caractère.
(...)
Pendant la sanglante bataille qui mit aux prises les catholiques et les protestants, le 15 mars 1569, et qui se déroula dans la plaine de Bassac, cette petite ville et son abbaye furent saccagées alternativement par les deux partis. L'église Saint-Etienne et l'église paroissiale de Saint-Nicolas furent criblées de projectiles ; des moines et des habitants furent massacrés et d'autres emmenés prisonniers.
Lorsque les moines purent revenir, ils retrouvèrent de nouveau leur monastère en ruines et durent l'abriter comme ils le purent.
Pendant les dix-septième et dix-huitième siècles, l'abbaye de Bassac se releva lentement de ses ruines ; la reconstruction en dura plus d'un siècle. La paix et la tranquillité étaient revenues et l'existence des moines se poursuivit dans le plus grand calme.
Aussi, nous nous contenterons de signaler un différend qui éclata, dans les premières années du dix-huitième siècle, entre l'abbaye et les gabariers.
De temps immémorial, les moines de Bassac jouissaient du droit de prélever deux boisseaux de sel sur chaque gabare de sel qui remontait la rivière, à la charge par eux d'entretenir la rivière en bon état de navigabilité dans toute l'étendue de l'abbaye. Profitant du mauvais état de l'écluse du Pas du Loup, près de Juac, les gabariers se refusaient à payer ce droit et demandaient que l'écluse fût transportée plus près de Saint-Amant-de-Graves, c'est-à-dire en dehors des terres de l'abbaye. Portée d'abord au présidial d'Angoulême, puis au conseil d'Etat, l'affaire fut soumise à l'arbitrage du sieur de Lesseville, intendant de la généralité de Limoges,(...)
L'ancienne église abbatiale Saint-Etienne de Bassac, devenue aujourd'hui paroissiale, mérite toute l'attention des archéologues et des artistes. Elle est encore entourée des bâtiments de l'abbaye, tous
remarquables par leur belle ordonnance, et quelques-uns par la perfection de leurs détails architecturaux. Mais tout disparaît devant la splendeur de la belle église, classée, avec son mobilier, parmi les monuments historiques.
Cette vaste église conserve quelques traces de sa construction primitive, au onzième siècle, mais elle a été à peu près entièrement restaurée au treizième siècle. On ne peut se lasser d'admirer
sa belle façade aux arcs cintrés, mais enchaînés dans toutes les délicates ornementations de l'art ogival. Le clocher, à quatre étages, dont la date semble n'être pas absolument la même, est couronné
d'une belle flèche à écailles et est un des plus admirables modèles des tours charentaises.
L'intérieur, partagé en deux parties égales par un jubé, garde, dans sa portion inférieure, sous un arceau, la sépulture des fondateurs, Wardrade et Rixendis, seigneurs de Jarnac. Les deux autres
travées supérieures, contiennent les quarante stalles des moines bénédictins et le rétable de l'autel.
Ce dernier, sculpté dans la pierre en haut-relief, est d'un effet superbe par le fini et la délicatesse des arabesques des rinceaux et des statuettes qui le remplissent.
Les stalles et le lutrin sont absolument remarquables. Deux cariatides, deux corbeilles de fleurs et les miséricordes qui supportent l'accotoir des sièges sont de la plus belle exécution.
Les restaurations consciencieuses, accomplies depuis quelques années par l'administration des Beaux-Arts, funt de l'église de Bassac le bijou architectural de cette région de la Charente.
(...)
Aujourd'hui Bassac (434 hab.) est un gros bourg, situé à huit kilomètres est de Jarnac et vingt-deux kilomètres de Cognac. Avec ses rues étroites et tortueuses, il a gardé à peu près la même physionomie qu'il avait autrefois. Il possède un bureau de poste. Des foires importantes s'y tiennent le 20 de chaque mois. On y trouve quelques maisons de commerce importantes, notamment celles de MM Castaigne et Fernandez.
Les registres de l'état civil remontent à l'année 1621.
Bassac possédait, à l'entrée de la ville, une église paroissiale dédiée à Saint-Nicolas. C'était une construction remarquable du treizième siècle, dominée par un beau clocher à deux étages. Il ne reste plus que le mur nord de cette église.
La commune de Bassac est limitée, au sud, par la Charente, qui se divise en un grand nombre de bras et, à l'est, par un petit affluent du fleuve, la Guirlande. La vallée de la Charente comprend de
vastes et magnifiques prairies, qui forment le tiers de la surface totale de la commune. Le nord renferme de beaux vignobles. On peut citer les belles propriétés de M. Rambaud de Larocque, conseiller général du canton de Jarnac, et de M. Roy Célestin, l'honorable maire de Bassac.
L'industrie est représentée par la minoterie de M. Bujeaud Marcel.
Les principales voies de communication sont la route de Châteauneuf à Jarnac (chemin de grande communication N° 22 de Saint-Séverin à Matha) et la route de Saint-Même à Mérignac (chemin
de grande communication N° 11 de Celles à Confolens), qui se croisent au bourg de Bassac.
Dans les premières années du onzième siècle, le seigneur de Jarnac, Wardrade, ayant fait vœu d'édifier sur ses terres un monastère de l'ordre de Saint-Benoît, si Dieu lui accordait la grâce de devenir père, fixa son choix, d'accord avec son épouse, Rixendis, sur le petit bourg de Bassac, qui remplissait les conditions les plus favorables pour une pareille entreprise.
Il était, en effet, difficile de rencontrer un endroit plus propice : de vastes prairies baignées par la Charente, des terres fertiles, de grands bois, une population paisible formaient le cadre naturel,
au centre duquel allait s'élever la nouvelle abbaye.
Les fondements en furent tracés par Islo, évêque de Saintes, et la charte, qui consacra la fondation de l'abbaye de Saint-Etienne de Bassac, fut signée par d'importants personnages de l'époque, parmi
lesquels nous pouvons citer : le pape Benoît VIII, Islo, évêque de Saintes, Grimoard, évêque d'Angoulême, Seguin, archevêque de Bordeaux, Guillaume, duc d'Aquitaine, Guillaume II, comte
d'Angoulême, et beaucoup d'autres seigneurs.
Lorsque le monastère fut édifié, Wardrade lui assura les revenus nécessaires ; puis il y appela des moines de l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême et mit à leur tête un des leurs, Aymard, qui
était renommé par sa haute piété. Quelque temps après, l'église de la nouvelle abbaye fut consacrée par les évêques d'Angoulême et de Saintes.(...)
C'est vers le milieu du treizième siècle que les moines de Bassac réussirent à s'affranchir de la sujétion qui les liait à Saint-Jean d'Angély. A la même époque, l'église primitive, devenue insuffisante, fut agrandie et remplacée par un autre monument beaucoup plus vaste. Les treizième et quatorzième siècles furent une période de grande prospérité pour l'abbaye de Bassac. Grâce à sa situation écartée, le
monastère put franchir sans dommages la première période de la guerre de Cent ans. Bien plus, l'abbaye de Saint-Jean d'Angély ayant été pillée et ruinée, en 1346, par le duc de Lancastre, une partie de ses religieux se réfugièrent à l'abbaye de Bassac, dont le personnel fut, de ce fait, considérablement augmenté.
Cette tranquillité ne devait pas durer. En 1434, une troupe d'Anglo-Gascons, commandée par le maire de Bordeaux, s'empara de la petite ville de Bassac ; les bâtiments de l'abbaye furent ruinés ; les religieux et les habitants furent dispersés et plusieurs d'entre eux furent emmenés en captivité. Tout le pays environnant fut également saccagé. Lorsque la tourmente fut apaisée, les moines qui avaient échappé au désastre ne retrouvèrent, à la place de leur couvent, qu'un monceau de ruines et durent se retirer dans quelques maisons particulières.
Pour remédier à une telle situation, il était nécessaire que le monastère eût à sa tête un homme énergique et intelligent, capable de s'opposer aux empiétements des seigneurs voisins. Le choix des
religieux se porta sur Henri de Courbon, prieur de Jarnac, qui réunissait toutes les qualités voulues. Issu d'une grande famille de la Saintonge, c'était un homme sage et courageux qui, à une haute vertu, joignait une grande fermeté de caractère.
(...)
Pendant la sanglante bataille qui mit aux prises les catholiques et les protestants, le 15 mars 1569, et qui se déroula dans la plaine de Bassac, cette petite ville et son abbaye furent saccagées alternativement par les deux partis. L'église Saint-Etienne et l'église paroissiale de Saint-Nicolas furent criblées de projectiles ; des moines et des habitants furent massacrés et d'autres emmenés prisonniers.
Lorsque les moines purent revenir, ils retrouvèrent de nouveau leur monastère en ruines et durent l'abriter comme ils le purent.
Pendant les dix-septième et dix-huitième siècles, l'abbaye de Bassac se releva lentement de ses ruines ; la reconstruction en dura plus d'un siècle. La paix et la tranquillité étaient revenues et l'existence des moines se poursuivit dans le plus grand calme.
Aussi, nous nous contenterons de signaler un différend qui éclata, dans les premières années du dix-huitième siècle, entre l'abbaye et les gabariers.
De temps immémorial, les moines de Bassac jouissaient du droit de prélever deux boisseaux de sel sur chaque gabare de sel qui remontait la rivière, à la charge par eux d'entretenir la rivière en bon état de navigabilité dans toute l'étendue de l'abbaye. Profitant du mauvais état de l'écluse du Pas du Loup, près de Juac, les gabariers se refusaient à payer ce droit et demandaient que l'écluse fût transportée plus près de Saint-Amant-de-Graves, c'est-à-dire en dehors des terres de l'abbaye. Portée d'abord au présidial d'Angoulême, puis au conseil d'Etat, l'affaire fut soumise à l'arbitrage du sieur de Lesseville, intendant de la généralité de Limoges,(...)
L'ancienne église abbatiale Saint-Etienne de Bassac, devenue aujourd'hui paroissiale, mérite toute l'attention des archéologues et des artistes. Elle est encore entourée des bâtiments de l'abbaye, tous
remarquables par leur belle ordonnance, et quelques-uns par la perfection de leurs détails architecturaux. Mais tout disparaît devant la splendeur de la belle église, classée, avec son mobilier, parmi les monuments historiques.
Cette vaste église conserve quelques traces de sa construction primitive, au onzième siècle, mais elle a été à peu près entièrement restaurée au treizième siècle. On ne peut se lasser d'admirer
sa belle façade aux arcs cintrés, mais enchaînés dans toutes les délicates ornementations de l'art ogival. Le clocher, à quatre étages, dont la date semble n'être pas absolument la même, est couronné
d'une belle flèche à écailles et est un des plus admirables modèles des tours charentaises.
L'intérieur, partagé en deux parties égales par un jubé, garde, dans sa portion inférieure, sous un arceau, la sépulture des fondateurs, Wardrade et Rixendis, seigneurs de Jarnac. Les deux autres
travées supérieures, contiennent les quarante stalles des moines bénédictins et le rétable de l'autel.
Ce dernier, sculpté dans la pierre en haut-relief, est d'un effet superbe par le fini et la délicatesse des arabesques des rinceaux et des statuettes qui le remplissent.
Les stalles et le lutrin sont absolument remarquables. Deux cariatides, deux corbeilles de fleurs et les miséricordes qui supportent l'accotoir des sièges sont de la plus belle exécution.
Les restaurations consciencieuses, accomplies depuis quelques années par l'administration des Beaux-Arts, funt de l'église de Bassac le bijou architectural de cette région de la Charente.
(...)
Aujourd'hui Bassac (434 hab.) est un gros bourg, situé à huit kilomètres est de Jarnac et vingt-deux kilomètres de Cognac. Avec ses rues étroites et tortueuses, il a gardé à peu près la même physionomie qu'il avait autrefois. Il possède un bureau de poste. Des foires importantes s'y tiennent le 20 de chaque mois. On y trouve quelques maisons de commerce importantes, notamment celles de MM Castaigne et Fernandez.
Les registres de l'état civil remontent à l'année 1621.
Bassac possédait, à l'entrée de la ville, une église paroissiale dédiée à Saint-Nicolas. C'était une construction remarquable du treizième siècle, dominée par un beau clocher à deux étages. Il ne reste plus que le mur nord de cette église.
La commune de Bassac est limitée, au sud, par la Charente, qui se divise en un grand nombre de bras et, à l'est, par un petit affluent du fleuve, la Guirlande. La vallée de la Charente comprend de
vastes et magnifiques prairies, qui forment le tiers de la surface totale de la commune. Le nord renferme de beaux vignobles. On peut citer les belles propriétés de M. Rambaud de Larocque, conseiller général du canton de Jarnac, et de M. Roy Célestin, l'honorable maire de Bassac.
L'industrie est représentée par la minoterie de M. Bujeaud Marcel.
Les principales voies de communication sont la route de Châteauneuf à Jarnac (chemin de grande communication N° 22 de Saint-Séverin à Matha) et la route de Saint-Même à Mérignac (chemin
de grande communication N° 11 de Celles à Confolens), qui se croisent au bourg de Bassac.

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