Ruelle sur Touvre


La poste de Ruelle a été inaugurée le 2 mars 1930





RUELLE AU DEBUT DU XXème siècle. Route de Limoges.


RUELLE Début XXème siècle. Attraction ambulante dans la rue.

RUELLE: Restaurant Terminus, place du Champ de Foire, face à l'université populaire

RUELLE Début XXème.
L'usine de Villement.

1909
RUELLE:
Funérailles  des victimes de la catastrophe du 8 Janvier 1912 à la Fonderie.
fonderie de Ruelle











RUELLE DEBUT XXème siècle.
Canal de la Touvre et du Moulin aux Seguins.









RUELLE - Début XXème siècle - La Boucherie-Charcuterie " La Solidarité"









Fonderie de ruelle 1914/1918
RUELLE -Début XXème siècle -
Le bourg vue de la Touvre
RUELLE AU DEBUT DU XXème siècle.
Vue de la Touvre.
RUELLE SUR TOUVRE. Place de l'église, hier et aujourd'hui.

Géographie historique et communale de la Charente

COMMUNE DE RUELLE-SUR-TOUVRE

Superficie = 1.068 hectares 54 ; Population = 4.187 habitants.

Au Moyen Age, Ruelle était un fief dépendant de la seigneurie de la Tranchade et appartenant à la famille Birot.

On remarquait, à cette époque, à l'endroit où s'élèvent aujourd'hui les magnifiques bâtiments de la fonderie, un petit moulin à papier qui, en 1723, appartenait aux frères de la Tâche. En 1750, ce moulin passa entre les mains d'un homme qu'Angoulême peut, à bon droit, se glorifier de compter au nombre de ses enfants, et auquel Ruelle doit son importance actuelle.

Marc-René, marquis de Montalembert, naquit à Angoulême le 16 juillet 1714. A l'âge de dix-huit ans il s'engagea dans le régiment du prince de Conti et se distingua tout d'abord dans la guerre de la succession de Pologne, notamment aux sièges de Kehl et de Philipsbourg. Plus tard, en 1743, nous le voyons faire la campagne d'Italie, comme capitaine des gardes du prince de Conti, et il assiste à la campagne de Flandre en 1746.

Mais, même au milieu du fracas des armes et du bruit des camps, il ne cesse de mûrir l'idée dominante de sa vie, et, lorsqu'en 1748, le traité d'Aix-la-Chapelle vient rendre la paix à l'Europe, il consacre les loisirs de cette paix à la réalisation de ses projets.

En 1750, il devient acquéreur du moulin de Ruelle et établit à sa place une forge destinée, d'après ses plans, à fournir des pièces de canon de fort calibre.

Il semble qu'il pressentait pour la France une guerre générale pour laquelle la nation aurait besoin de toutes ses ressources. Sa a demi ruiné, ce dernier reprit la vie des camps et rendit de grands services pendant la guerre de Sept ans. Ce fut après cette guerre, désastreuse pour notre marine et pour nos colonies, que Montalembert présenta au duc de Choiseul, alors ministre, son Mémoire sur les Fortifications. Ses plans, ainsi que cela arrive généralement pour les idées nouvelles, furent amèrement critiqués; les ingénieurs déclarèrent son système impraticable et surtout trop dispendieux. Il faudrait des millions, disaient-ils, pour construire un de ces forts que proposait le marquis, et ses canons, d'un trop fort calibre, feraient crouler l'édifice rien que par la commotion que provoqueraient leurs décharges.

Malgré toutes ces difficultés, le marquis ne se découragea pas, et, pour répondre victorieusement à ses détracteurs, il fit construire à ses frais, son fort de l'île d'Aix, qui coûta seulement huit cent mille
livres et dont la solidité résista à toutes les expériences. Du reste, les Allemands mirent ses idées à profit, et de nombreuses places d'Outre-Rhin, notamment celle de Coblentz, ont été fortifiées d'après ses plans.

Cependant, à force de démarches et de réclamations, Montalembert finit par obtenir du gouvernement une indemnité de vingt mille livres de rentes pour sa forge de Ruelle, indemnité qui, du reste, ne lui fut jamais payée.

Lorsqu'arriva la Révolution, le marquis l'accepta d'abord franchement; puis, effrayé par la loi des suspects, il émigra. Mais, lorsque la France, ayant à lutter contre l'Europe entière, coalisée contre elle, fit appel à tous ses enfants, Montalembert comprit que tous, dans ce moment suprême, devaient apporter leur concours à la défense de la patrie ; il rentra en France et vint mettre sa vieille expérience et sa grande science militaire à la disposition du Comité de salut public, qui utilisa souvent ses services.

Il mourut le 29 mars 1800, à l'âge de quatre-vingt-six ans, laissant comme témoignage grand iose de son génie cette fonderie de Ruelle, dont nous allons retracer l'histoire, après avoir retracé la vie de son fondateur.
Celui qui visite aujourd'hui la fonderie de Ruelle ne pourrait se faire aucune idée de ce qu'elle était lors de sa fondation. Des anciens bâtiments il ne reste absolument rien.

Dans le principe, les ateliers de la fonderie se trouvaient disséminés le long des rives de la Touvre, et cet établissement possédait même des annexes en dehors de Ruelle, entre autres à Forge Neuve, dans le Périgord et au Gond, près d'Angoulême.

Ce qui prouve la grande importance prise par l'usine de Ruelle, dès l'année 1785, c 'est qu'à cette époque les canons fondus dans les autres fonderies de l'Etat, et notamment à Indret, étaient envoyés à Ruelle, pour y être forés.

La fonderie de Ruelle contribua puissamment à la reconstitution de notre matériel de guerre, après les désastres maritimes de la guerre de Sept ans. Pendant la Révolution, elle prit encore une plus grande importance. Il manquait à la France six mille pièces de canons pour armer les vaisseaux dont la construction était décidée.

Pour activer les travaux, il fallut chercher des procédés nouveaux de fabrication.

Un employait à cette époque le moulage en terre, qui donnait d'excellents résultats, mais qui avait le grave inconvénient de demander trop de temps pour la fabrication des moules; on remplaça alors le moulage en terre par le moulage en sable beaucoup plus expéditif.

De plus, comme, en ce temps de disette, le gouvernement ne pouvait payer les ouvriers qu'avec des assignats sans valeur, il dut leur procurer en nature des moyens d'existence, et il y parvint au moyen de réquisitions dans le genre de celle qui suit, et que nous donnons à titre de curiosité.

EXTRAIT DES REGISTRES DES DÉLIBÉRATIONS DE LA COMMISSION DES SUBSISTANCES ET APPROVISIONNEMENTS DE LA RÉPUBLIQUE.

Séance du 2 ventôse, l'an II de la République
« la Fonderie de Ruelle, située dans le district d'Angoulême, département de la Charente, et voulant y pourvoir de la manière la « plus efficace, arrête les dispositions suivantes :
« ARTICLE PREMIER. — Le district de Confolens, département de la
« Charente, est requis de fournir aux préposés de la Fonderie
« de Ruelle, située dans le district d'Angoulême, la quantité de
« deux cent dix quintaux de blé à la présentation du présent
« arrêté.

« ARTICLE 2. — Les administrateurs du district requis fourniront
« tous les moyens de transport les plus actifs aux citoyens envoyés
« pour faire enlever ces grains, dont le prix sera payé par eux.

« ARTICLE 3. — Les administrateurs rendront compte à la Com-
« mission, au plus tard dans la décade qui suivra la réception du
« présent arrêté, des diligences qu'ils auront faites pour l'exécution
« de cette mesure importante. »
Fait à la Commission, les jour, mois et an que dessus.

Le président de la Commission :
BRUNET.

C'est seulement à partir de 1803 que la fonderie de Ruelle fut mise en régie et exploitée directement par l'Etat. Jusqu'à cette époque, elle avait été cédée à des entrepreneurs, placés sous la surveillance d'un inspecteur choisi parmi les officiers généraux de l'artillerie de marine. C'est aussi à cette époque que les anciens bâtiments de 1752 furent démolis et reconstruits sur un plan méthodique et bien entendu.

Les perfectionnements apportés à l'artillerie nécessitaient un outillage de plus en plus parfait. En 1827, la fonderie de Ruelle comprenait deux hauts fourneaux, six fours à reverbère, dix-huit bancs de forage et des ateliers spéciaux pour la préparation des minerais, ainsi que pour la charpenterie et la serrurerie.
En 1841, le personnel et le matériel de la fonderie de Rochefort furent dirigés sur Ruelle, qui prit une nouvelle extension, et, en 1844, la fonderie et la forerie pour l'artillerie en bronze furent en pleine activité.

De 1855 à 1860, on fabriqua à Ruelle un grand nombre de pièces rayées et, pour donner à ces pièces une plus grande force de résistance, un frettage continu, composé de frettes en acier puddlé, fut appliqué dans toute la longueur du renfort des canons. L'année suivante, au moyen d'un mécanisme très simple, on put opérer le chargement des bouches à feu par la culasse.

Mais c'est surtout depuis 1880 que la fonderie de Ruelle a pris une importance considérable. Elle s'est augmentée du personnel de la fonderie de Nevers et, sous l'habile direction du colonel du Pande nombreuses améliorations y ont été réalisées. L'atelier pour les canons de gros calibre a été installé et l'étendue des ateliers d'ajustage a été doublé; les bâtiments des hauts fourneaux ont été démolis et reconstruits sur des plans plus vastes; enfin on a créé un atelier spécialement consacré à la fabrication des culasses de canon.

Aujourd'hui la fonderie de Ruelle forme un établissement unique en son genre, non seulement en France, mais même en Europe.

L'épaisseur de plus en plus grande, donnée aux plaques de blindage des navires, a amené l'artillerie à créer des bouches à feu de dimensions colossales, et Ruelle fabrique aujourd'hui d'énormes pièces qui ont nécessité la transformation complète de l'outillage.

La force motrice est fournie en grande partie par la Touvre qui produit une force moyenne de deux cent soixante chevaux.

La fonderie de Ruelle est reliée directement par un chemin de fer au port de l'Houmeau, où se trouve un puissant appareil hydraulique, qui permet de charger sur les bateaux affectés à cet usage les canons les plus pesants.

En dehors de la fonderie nationale, Ruelle possède quelques autres établissements industriels importants, parmi lesquels nous La Touvre parcourt tout le sud de la commune dans une vallée des plus fertiles, où l'on rencontre principalement d'excellentes prairies. Le reste de la commune, et principalement le nord-est, est très accidenté; quelques vignobles ont été reconstitués sur les coteaux qui avoisinent la Fontaine des Riffauds.

La route nationale de Clermont à Saintes traverse la commune dans toute sa longueur; elle franchit la Touvre sur un beau pont construit en 1846. Un autre pont, récemment construit, traverse la Touvre derrière les bâtiments de la fonderie. Ruelle est également desservi par la route de Sainte-Catherine à La Chignolle (chemin de grande communication n° 23 du Pas de Fontaine à Chef Boutonne). De plus un chemin d'intérêt commun unit le bourg de Ruelle aux communes voisines de Touvre et de Gond-Pontouvre.

Le bourg de Ruelle (732 hab.), est situé sur la Touvre, à une faible distance de la route nationale et à sept kilomètres nord-est d'Angoulême. On y remarque un beau groupe scolaire; l'église serait insignifiante, si elle ne possédait un retable d'autel et une chaire remarquables par les belles sculptures dont ils sont ornés.

Des foires très importantes, surtout pour le bétail, se tiennent le 4 de chaque mois au bourg de Ruelle.

C'est au Maine-Gagnaud (963 hab.) que sont les immenses constructions de la Fonderie. On y remarque également un vieux logis d'une architecture très ordinaire, qui se recommande au voyageur par le souvenir de François Ier. Ce prince s'y arrêta au retour d'une visite aux sources de la Touvre, et, pour y laisser une trace de son passage, il fit édifier tout auprès une petite fontaine d'une architecture d'assez bon goût, que l'on peut voir encore près de la Touvre.

Le bourg et le Maine-Gagnaud forment, avec le Pont (603 hab.) et le Quartier-Neuf (223 hab.), l'agglomération à laquelle on donne le nom de Ville de Ruelle et qui compte 2.521 habitants.

Un important bureau de poste dessert la commune.

Entre la Fonderie et le village de Vaugeline (202 hab.) se trouve la Touvre. Dans ce dernier village on peut remarquer l'ancien logis dans lequel se retira le duc de Montpensier, après avoir échoué dans sa tentative de prise de possession d'Angoulême pour le compte du duc d'Anjou.

Les autres villages de la commune sont: La Terrière (62 hab.) , avec des moulins importants; les Riffauds (205 hab.), au sommet d'une haute colline d'où l'on jouit d'une vue magnifique ; Villement (141 hab.) où l'on remarque la magnifique papeterie de M. Alamigeon ; Belair (177 hab.), sur la route nationale; la Fontaine des Riffauds,
Chez-Tendry, Les Arnauds et le Bourg-Clavaud.
 
 

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